Les échouages de sargasses sur le littoral de la Guadeloupe, de la Martinique et du Mexique préoccupent les autorités locales et les professionnels du tourisme. Ce phénomène gagne, d’année en année, en intensité au point d’avoir un impact sur l’activité touristique. Malgré la menace des sargasses sur les plages magnifiques de la mer des Caraïbes, vous pouvez tout de même vivre des vacances exceptionnelles dans cette région paradisiaque. Heureusement, toutes les plages ne sont pas affectées par les sargasses au même degré. De plus, les municipalités interviennent rapidement lors d’un échouage pour ramasser et évacuer les algues afin que vous puissiez profiter pleinement des plages…
Table des matières
Qu’est-ce qu’une sargasse ?
Les sargasses sont des algues dites holopélagiques, c’est-à-dire qu’elles se développent à la surface de l’eau et que l’intégralité de leur cycle de vie se fait en pleine mer. Agglomérées en radeaux pouvant atteindre plus de 1 000 m², elles dérivent et peuvent s’échouer sur les plages des Caraïbes et du Mexique, par exemple.
Quelle est l’origine des sargasses ?
Phénomène naturel, les sargasses sont devenues en quelques années un vrai problème pour les destinations touristiques des Antilles et du Mexique.
Les sargasses, un phénomène ancien
La prolifération des sargasses est un phénomène ancien, déjà connu des explorateurs de l’époque Moderne. Au XVe siècle, Christophe Colomb avait observé ces masses d’algues flottantes au nord-est des Bermudes. Elles ont d’ailleurs donné leur nom à cette zone de l’océan Atlantique nord.
De même, le voyageur Jean de Léry, dans son ouvrage Histoire d’un voyage fait en terre de Brésil (1578), décrit ces algues comme des herbes marines “flottantes sur mer sans aucune racine […], de couleur blafarde ou blanchâtre comme foin fané”.
Une recrudescence des sargasses dans les Caraïbes
Cependant, depuis 2011, l’invasion des sargasses est de plus en plus régulière : chaque année, elles apparaissent en importante quantité au large des côtés. En 2018, les chercheurs de l’Université de Floride du Sud de Temps ont constaté un record avec la formation de ce qu’ils ont appelé la “grande ceinture des sargasses de l’Atlantique” reliant les Caraïbes à l’ouest de l’Afrique : elle contenait au moins 20 millions de tonnes d’algues, soit 4 fois la masse estimée de la pyramide de Khéops (Égypte). Lors de notre voyage de 15 jours en Guadeloupe, on avait qu’une crainte c’était d’avoir des plages infestées de sargasses.
Les facteurs de la prolifération des sargasses
Grâce à l’étude d’images satellites, cette équipe de scientifiques pense avoir identifié l’origine de de ces invasions : elles proviendraient d’amas d’algues présents au nord de l’embouchure de l’Amazone. Plusieurs facteurs concurrent à la prolifération des sargasses :
- hausse de la déforestation en Amazonie
- augmentation de l’utilisation des engrais dans cette région
- salinité
- température des eaux
Une autre hypothèse serait le transport maritime : les gros bateaux qui franchissent la mer des Sargasses feraient déplacer et sortir l’algue de sa zone d’origine.
Malgré ces pistes, de nombreuses zones d’ombre persistent et ne permettent pas de prédire l’évolution des invasions de sargasses dans les années à venir.
Valoriser les sargasses, une piste d’avenir
La valorisation des sargasses est une piste pour faire face à leur prolifération dans les Caraïbes. De nombreux chercheurs et entreprises travaillent pour trouver des techniques innovantes et transformer ces algues en :
- biomatériaux compostables pour le secteur du BTP
- cellulose moulée pour faire du papier
- engrais pour améliorer la qualité des sols agricoles
- charbon actif aux propriétés de filtre
- méthanisation
- bioplastique
- compost de sargasses
- chaussures
- produits pharmaceutiques
- farine alimentaire pour les animaux
- …
Pour limiter l’impact de ce phénomène naturel, les États, les collectivités locales et les industriels rivalisent d’imagination pour faire de ce fléau une opportunité économique et environnementale. Le défi est grand, les résultats seront à observer dans les années à venir…
Pourquoi trouve-t-on ces algues dans les Caraïbes ?
Les sargasses ont trouvé un environnement propice à leur développement dans les Antilles. En effet, les eaux chaudes des Caraïbes sont favorables à leur reproduction et, depuis 2011, ces algues apparaissent en masse dans les mers tropicales. Les courants marins entraînent aussi la migration des sargasses vers le nord, en particulier les îles des Antilles.
Est-ce que les sargasses sont dangereuses ?
Tout est question de quantité et de lieu…
En pleine mer, les sargasses ne présentent aucun danger. Elles sont même considérées, par les pêcheurs, comme une zone de nourriture, de reproduction et d’abri pour les animaux marins. C’est lorsqu’elles arrivent sur les côtés que la situation devient inquiétante…
Lors de leur décomposition, les sargasses émettent du sulfure d’hydrogène et de l’ammoniac. Cela peut provoquer :
- des maux de tête
- des nausées
- une irritation des yeux et de la peau
- des convulsions
C’est un véritable enjeu de santé publique pour les personnes sensibles (enfants, personnes âgées, femmes enceintes…) et/ou vivant à proximité de plages qui ne sont pas systématiquement nettoyées lors des échouages de sargasses.
Les animaux sont aussi victimes de cette algue : certaines espèces marines, comme les tortues et les poissons, meurent étouffées, car elles sont incapables de se déplacer librement. Les grands radeaux de sargasses peuvent aussi provoquer la mort des coraux en les empêchant de recevoir la lumière du soleil.
Quelle est la saison des sargasses ?
Plus la température de l’eau est élevée, plus elle favorise la reproduction des sargasses. Ainsi, la saison de ces algues s’étend généralement du printemps à l’automne. Elles sont donc moins présentes sur les côtes durant l’hiver. Cependant, avec le réchauffement climatique, la saison des sargasses semble commencer de plus en plus tôt. En 2023, au Mexique, les premiers arrivages de sargasses ont été recensés dès le mois de février… Cela représente un vrai casse-tête économique pour les destinations touristiques et les professionnels de ce secteur.
Carte des sargasses
Pour suivre la localisation des algues sargasses dans les Caraïbes, il y a le site Sargassum Monitoring qui recense toutes les plages qui sont touchées par ce phénomène. La carte est mise à jour régulièrement. C’est le site référence pour votre futur voyage !
Où aller pour ne pas avoir d’algues en Guadeloupe ?
Même s’il est difficile de prédire à l’avance la présence ou non de sargasses sur les plages guadeloupéennes, nombre d’entre elles échappent encore à ce phénomène. Les échouages sont ponctuels et les autorités locales nettoient régulièrement les plages pour le tourisme. Ainsi, même s’il y a des échouages, les sargasses sont ramassées et les plages restent idylliques.
Généralement, les plages les plus exposées aux sargasses sont celles de Le Gosier, Sainte-Anne, Saint-François et des communes donnant sur la côte atlantique à l’est de l’île, aussi bien en Basse-Terre qu’en Grande-Terre. En revanche, les plages les moins touchées sont :
- La Datcha (Grande-Terre)
- Le Souffleur de Port-Louis (Grande-Terre)
- La Petite Anse (Basse-Terre)
- La Malendure (Basse-Terre)
- La Perle (Basse-Terre)
Les îles Les Saintes sont souvent épargnées par les algues, car les courants marins sont différents de ceux qui affectent les autres plages de l’archipel.
En revanche, toutes les plages de La Désirade et Marie-Galante peuvent être affectées par les sargasses, comme elles peuvent être totalement épargnées. Tout dépend du courant marin… Quoi qu’il en soit, je vous recommande de consulter le bulletin de surveillance des sargasses de la Guadeloupe publié tous les lundis pour connaître le risque d’échouage des algues ou sinon de faire d’autres visites en Guadeloupe comme nous avons fait avec le jardin botanique de Deshaies.
Comment éviter les sargasses en Martinique ?
Les plages épargnées par les sargasses en Martinique se situent sur la côte caribéenne de l’île. Voici quelques plages où les échouages sont quasi nuls :
- La Pointe Marin
- L’Anse Figuier
- L’Anse Dufour
- L’Anse Noire
- L’Anse Mitan
- La Grande Anse
- L’Anse Corps de Garde
- L’Anse Couleuvre
- Les Salines
Comme en Guadeloupe, les invasions ne sont pas constantes. Ils varient d’un jour à l’autre. De même, le bulletin de surveillance hebdomadaire permet d’avoir une idée précise des prévisions d’échouages. Même si les sargasses sont un vrai problème pour les Martiniquais et les professionnels du tourisme, les plages sont toujours très rapidement nettoyées par les collectivités locales.
Où aller au Mexique pour éviter les algues ?
Célèbre pour ses plages de sable blanc, ses eaux turquoise et ses récifs coralliens, la Riviera Maya, située sur la péninsule du Yucatán, est la région la plus touchée, en particulier la station balnéaire de Tulum. Les autorités mexicaines ont pris ces dernières années le problème des sargasses à bras le corps :
- machines spécialement conçues pour ramasser rapidement les sargasses sur les plages
- barrières anti-sargasses installées au large des plages de la Riviera Maya
Conscients de l’impact de la présence des algues sur le taux de réservation, les hôtels de la Riviera assurent aussi tous les matins le nettoyage de leur plage privée.
Pour être épargné par les sargasses, vous pouvez aller vous baigner sur les plages de :
- Cancun
- la face nord de l’île de Cozumel
- Isla Mujeres
- Isla Contoy
La page Facebook Red de Monitoreo del Sargazo de Quintana Roo relaie régulièrement, durant la saison, l’état des sargasses sur les plages de la péninsule. Cependant, cette destination a énormément à offrir à ses visiteurs en dehors de ses plages, comme visiter le site de Chichen Itza.
Bref, soyez rassuré : les sargasses sont un phénomène saisonnier qui impacte finalement peu de plages. De plus, les autorités locales interviennent rapidement pour limiter leurs conséquences sur la vie économique et touristique de ces destinations. Enfin, cet article est à titre informatif, car la situation des sargasses évolue rapidement. Mieux vaut vous renseigner sur les sites dont j’ai partagé les liens pour connaître la situation en temps réel.
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